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LA DÉCROISSANCE POUR SORTIR DE LA CRISE ÉNERGETIQUE ?

La crise énergétique a pris par surprise les non-initiés.

Qui aurait pu imaginer il y a un an que nous pourrions nous interroger sur notre capacité à nous chauffer cet hiver ? Qui aurait pu penser que l’alimentation électrique puisse être insuffisante et justifier des coupures d’électricité ?

En quelques mois, on se retrouve plongé dans une situation que les plus anciens ont connue au sortir de la seconde guerre mondiale, quand le pays était à reconstruire.

Les prix de l’énergie explosent entraînant une inflation générale inconnue depuis 1980 ! Et encore, la France est-elle pour l’instant en partie protégée par certaines mesures gouvernementales. Mais dans d’autres pays, comme le Royaume-Uni, une inflation à 20 % est envisagée ! Un niveau que la France n’a jamais connu depuis… 1948 !

Cette situation est certes due à des circonstances conjoncturelles imprévues comme l’invasion russe de l’Ukraine mais pas seulement ! Comme la crise COVID a mis en exergue des choix stratégiques catastrophiques pour l’efficacité de nos hôpitaux, il nous faut aussi regretter des orientations lourdes de conséquences pour la politique énergétique.

L’Allemagne a pris le risque d’un gaz russe bon marché pour améliorer la productivité de son industrie, au mépris de la moindre prudence géostratégique. En France, le débat politique s’est focalisé sur le nucléaire. Hier, il fallait envisager de fermer des réacteurs pour ramener la part du nucléaire à 50 % du mix énergétique… Aujourd’hui, il faudrait construire a minima 6 réacteurs, peut-être 12 à 18 pour 2050. Notre parc actuel est vieillissant et il faut des années pour mettre en opération une nouvelle centrale !

Certains soutiennent que les énergies alternatives seront suffisantes et neutres pour le climat… mais acceptent la relance de centrales à charbon ! D’autres, enfin, se réjouissent presque de la situation car elle pourrait obliger à une sobriété forcée, prélude à une décroissance structurelle.

Pour la CFE-CGC, il n’y a pas de solutions de court terme. Pour passer l’hiver, il faudra faire « comme on peut », l’essentiel étant que les efforts soient équitablement répartis et préservent les emplois. Les consommateurs, les entreprises et l’État devront être mis à contribution. Pour le plus long terme :

"il serait urgent de mettre en place un réel « plan énergétique », rationnel et sans pollution idéologique, pérenne et constant dans le temps."

Pour la CFE-CGC, il n’y a pas une solution mais plusieurs axes stratégiques à développer « en même temps » : poursuite de notre programme nucléaire, sobriété énergétique organisée, énergie verte alternative, diversification et résilience de nos approvisionnements, etc.

Ces choix ne sont pas neutres. Ils exigeront des investissements colossaux et auront probablement des conséquences pour tous les acteurs économiques. Mais, pour la CFE-CGC, cette voie de la croissance planifiée et équilibrée est bien plus supportable qu’une décroissance permanente et forcée.

 

Fabrice Nicoud Secrétaire national fédéral

Source : Métallurgie CFE-CGC - Industries et Avenir N°21